Solidarité-Syrie: Une nécessité
Une déclaration de Tadamon! Montréal
Destruction à Homs, en Syrie, Avril 2012
Bref contexte
La lutte populaire en Syrie pour la libération de la dictature d’Assad, et de son exercice de pouvoir brutal, est arrivée à une étape critique. Des quartiers centraux des plus grandes villes de Syrie – Damas et Alep – sont devenus les sites de confrontation directe entre les forces de l’opposition au régime syrien – notamment l’Armée syrienne libre (ASL) – et les forces militaires et de sécurité de l’État. Les batailles ont été particulièrement intenses et étendues à Alep avec des conséquences dévastatrices pour les personnes qui habitent la ville. Dans un grand nombre de quartiers urbains, l’État syrien a utilisé l’artillerie lourde, les bombardements aériens et terrestres et a déployé des troupes, des tireurs isolés et des agents des services de sécurité, dans une stratégie de répression face au mouvement révolutionnaire. Les résultats de cette stratégie sont de nombreuses victimes civiles, la destruction de l’infrastructure civile, des mouvements forcés de population et, dans certains endroits, des conditions humanitaires extrêmement sérieuses (ex. manque de nourriture, absence d’électricité, pénurie d’eau et absence des services municipaux essentiels). Les attaques militaires étatiques ont été qualifiées de crimes de guerre selon des organismes internationaux de droits humains, tels que Human Rights Watch. En même temps, des actions de certains éléments de l’opposition (définie largement) ont aussi été qualifiées de violations des droits humains (ex. exécutions sommaires de combattants du régime capturés par les forces rebelles). Les confrontations armées entre l’opposition et les forces du régime, à Alep et ailleurs en Syrie, et, conséquemment, la croissance de la violence, sont le produit de la stratégie de répression, de terreur et de force brute que le régime d’Assad déploie pour faire face à l’activisme oppositionnel et aux appels populaires pour la liberté, la dignité et la fin de l’autorité étatique absolutiste. C’est en faisant face à la brutalité du régime et à ses tactiques de terreur que le soulèvement populaire, qui a commencé en mars 2011, a pris, au fur et à mesure, une forme armée. Vers la fin 2011 et au début 2012 il s’est « militarisé » de façon décisive. Avec ce virage vers la lutte armée et avec l’avènement du combat à Damas et à Alep, la révolution est arrivée à une étape importante et déterminante.
État actuel
Il est maintenant plus essentiel que jamais pour les individus et les organismes partout dans le monde de démontrer clairement et fortement leur solidarité avec la lutte populaire en Syrie. Il n’est pas possible de caractériser le contexte actuel en Syrie précisément en utilisant des phrases et des mots uniques et simples. Au contraire, il faut le comprendre dans sa complexité – locale, régionale et internationale – et dans son étendue historique. Pourtant, il est possible et valide de conclure, à la lumière du contexte, que les gens de Syrie, de toutes classes sociales, de tous les groupes culturels et sociaux, ont reconnu ce qu’est le régime Assad, soit un régime autoritaire, arbitraire, violent et semant la division au sein de la population. De plus, ils affirment collectivement qu’ils n’en veulent plus, qu’ils ne veulent plus d’une forme de gouvernement qui vole leur dignité et leur liberté, et qu’ils veulent la chute du régime. En termes simples, cette demande pour le changement révolutionnaire mérite notre appui.
Appel à la solidarité
Tadamon! Montréal réaffirme sa position de solidarité avec le peuple de Syrie et appelle toute personne de conscience et qui appuie la justice sociale, l’autodétermination et le droit à la dissidence de faire la même chose. En prenant cette position, Tadamon! affirme ce qui suit :
• Les Syriens sont engagés dans une lutte légitime contre le pouvoir gouvernemental brutal et autoritaire. Leurs appels, au début de 2011, pour le changement démocratique et pour le respect de leurs droits fondamentaux, suivaient les changements révolutionnaires et inspirants qui avaient eu lieu en Tunisie et en Égypte. L’État syrien a répondu avec la répression et la violence. Mais les Syriens n’ont pas reculé. Ils appellent davantage et en plus grand nombre au changement, brisant ainsi ce qu’ils appellent « le mur de la peur » qui avait été érigé au cours de plus de quarante ans du régime Baas-Assad en Syrie afin de neutraliser et d’écraser la dissidence, l’opposition et la critique ciblant aussi bien le système de pouvoir que ses modalités de domination.
• Confrontés à la poursuite sans relâche d’une stratégie sécurité-répression de la part du régime, les Syriens sont arrivés au point d’exiger la chute du régime. Le peuple a suivi cet objectif, initialement, au moyen de manifestations pacifiques, par la désobéissance civile, des actions de grève et d’autres formes de lutte non-violente. Ces formes de contestation politique sont toujours en cours. Graduellement, et en raison des évènements et développements sur le terrain, la résistance armée a été intégrée à la lutte. Elle a pris une forme organisationnelle, notamment, sous la bannière de « l’Armée syrienne libre ». Parallèlement, les gens sont devenus convaincus que c’est seulement en faisant face à la force armée de l’État par la résistance armée qu’un changement réel pourrait se réaliser. Dans un tel contexte, on voit, regrettablement, l’apparition d’actes de violence et de vol, ainsi que des incitations et des intimidations, commis par des acteurs politiques dont les buts ne sont pas en accord avec ceux de la fraction principale du mouvement d’opposition. Pourtant, nous pouvons résumer le contexte actuel comme étant celui d’une lutte révolutionnaire. Cette lutte prend des formes multiples, elle fait preuve de caractéristiques de centralisation et de fragmentation, de stabilité et de variabilité. Elle a comme cible ultime de libérer la Syrie de la brutalité, l’arbitraire et des abus de pouvoir du régime Baas-Assad.
• Un changement en Syrie qui est cohérent avec la justice, l’égalité et le respect ne peut se réaliser par des moyens exclusivement, ou principalement, militaires ou violents. Les gens de Syrie doivent s’orienter vers la discussion, le dialogue, la négociation et la réconciliation. Plusieurs groupes et courants du mouvement d’opposition ont déjà déclaré ceci et se sont dirigés consciemment dans cette direction. Pourtant, le départ d’Assad de la Présidence doit précéder tout processus de négociation vers une gouvernance démocratique et participative, et vers la réconciliation nationale. En fin de compte, c’est Assad et ses amis qui sont responsables des conditions de danger, de besoin et d’insécurité dans lesquelles se trouvent tant de personnes en Syrie. C’est Assad et ses amis qui sont l’obstacle à la fin des batailles, de la destruction, des massacres et de la tuerie, et qui bloquent le progrès vers un processus fiable de construction de structures politiques démocratiques, inclusives et qui favorisent le pluralisme et la prise de responsabilité.
• La Syrie est devenue une arène de concurrence politique pour des acteurs étatiques et non-étatiques combattants pour des avantages et leurs parts du butin. Certains se déclarent partisans du régime et du statu quo en Syrie (ex. la Russie, la Chine, l’Iran), et certains se positionnent derrière l’opposition et la fin du régime d’Assad (ex. des puissances occidentales, la Turquie et des pays du Golfe arabique). Peu importe, ils utilisent le contexte syrien afin d’améliorer leur position géostratégique et d’avancer leurs propres intérêts. Ces intérêts ne coïncident que superficiellement avec ceux des personnes en Syrie qui se battent, qui mettent leurs vies en risque et péril et qui meurent dans le dessein de créer une nouvelle Syrie de démocratie, de gouvernance responsable et de justice. Simultanément, des acteurs non-étatiques variés (ex. des groupes militants de courants idéologiques différents tels que religieux ou sectaires) poursuivent également des buts particuliers dont quelques-uns sèment la division et peuvent coïncider ou non avec les buts du bloc principal des forces révolutionnaires.
• Une intervention militaire étrangère par des puissances occidentales ne peut pas apporter une fin au conflit en Syrie qui serait en accord avec les aspirations et les espoirs des habitants de Syrie. Une intervention militaire étrangère apporterait dépendance et contrôle externe et ouvrirait la possibilité d’une domination néocoloniale au profit des puissances occidentales et d’Israël. Ceci n’est pas le résultat que les gens de Syrie cherchent.
• C’est le peuple de Syrie qui peut et doit gagner la révolution syrienne. Il faut une victoire populaire qui mènera vers le changement social, économique et politique progressiste en Syrie et dans la région. La libération de la dictature en Syrie et l’établissement d’une forme inclusive et responsable de gouvernement ouvrira des possibilités pour la libération partout dans la région, et non des moindres en Palestine. C’est la peur du changement progressiste en Syrie qui explique les positionnements réactionnaires des puissances régionales et internationales vis-à-vis de la Syrie, quel que soit leur appui pour le mouvement révolutionnaire ou non. Les peuples de Syrie doivent creuser leur sillon en toute indépendance, vers une véritable libération. Ils peuvent et, en fin de compte, ils doivent le faire ensemble. Nous devons nous positionner en solidarité avec eux.
Non à une intervention militaire étrangère. Non au régime Assad. Non à une guerre civile confessionnelle.
Oui à l’autodétermination du peuple syrien. Oui à la libération de tous les Syriens et Syriennes et tous les peuples de la région.
Quelques actions de solidarité que vous pouvez prendre :
• Produire et disséminer des déclarations appuyant la lutte pour la libération en Syrie.
• Endosser cette déclaration de Tadamon! Montréal en l’envoyant sur vos listes organisationnelles ou personnelles.
• Organiser et appuyer les actions de solidarité dans vos villes ou locaux.
• Organiser ou contribuer aux initiatives d’aide humanitaire pour la Syrie.
• Organiser et appuyer les initiatives qui cherchent à faire avancer la justice sociale, l’égalité, l’autodétermination et le changement progressiste dans tous les contextes.
Soyez informés des développements en Syrie et informez les gens de votre entourage :
Les comités de coordination locaux de Syrie (Anglais et Arabe)
Syria Tracker: Missing, Killed, Arrested, Eyewitness, Report (Anglais et Arabe)
Free Syria !!
Commentaire par Kais M'sallem — 11 octobre 2012 @ 1:25Thanks Tadamon
Commentaire par Nezar Hammoud — 12 octobre 2012 @ 22:03Sorry to see you mentioning Human Rights Watch as a reliable source. It has been compromised for several years now, even more so than Amnesty International.
The totally legitimate desires of the Syrian people have been high-jacked and there is no ‘middle way’ possible. ‘The West’ wants Syria smashed as Iraq was smashed. The issue is not even hitting Syria to get at Iran, but overall US corporate hegemony.
Sorry so many people will only realize this when it’s too late.
Commentaire par Siusaidh — 16 octobre 2012 @ 0:39