Les Indiens de la tribu des Lakotas ne veulent plus être citoyens des Etats-Unis
- Le Monde, Décembre 2007.
- Photo: Sitting Bull.
Washington: Un groupe d’Indiens Lakotas a décidé de faire sécession des Etats-Unis. Une délégation est venue en informer les autorités américaines le 17 décembre à Washington. Leur responsable, l’écrivain, acteur et militant Russell Means, a remis à un fonctionnaire du département d’Etat une lettre annonçant leur décision de rompre les traités signés en 1851 et 1868. “Nous ne sommes plus citoyens des Etats-Unis”, a expliqué Russell Means lors d’une conférence de presse organisée dans une église de Washington.
Le gouvernement américain n’a pas réagi à ce geste, dont la portée devrait être limitée. Le groupe sécessionniste a fait part de son intention de distribuer des passeports et des permis de conduire, mais il ne représente pas les dirigeants tribaux. M. Means, qui avait tenté de se faire porter à la présidence des Sioux Oglala en 2006, n’a pas été élu. Dans sa conférence de presse tenue en présence de l’ambassadeur de Bolivie à Washington – lequel a déclaré soutenir la démarche des activistes -, il a reconnu que l’initiative ne faisait pas l’unanimité.
“Je veux souligner que nous ne représentons pas les collaborateurs, les “Indiens de Vichy”, et les gouvernements tribaux mis en place par les Etats-Unis d’Amérique pour assurer notre pauvreté et le vol de nos terres et de nos ressources”, a-t-il dit. Les Lakotas sont l’une des tribus qui forment la nation Sioux. Ses membres sont parmi les plus déshérités des Etats-Unis. La réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, connaît un taux de sous-développement comparable au tiers-monde : 97 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, 85 % sont sans emploi et l’espérance de vie des hommes est de 44 ans. En 1980, les Lakotas ont refusé un règlement à l’amiable qui ne leur octroyait pas de terres, mais une somme de 122 millions de dollars. Située dans les grandes plaines, à l’écart du tourisme, la réserve n’a pas profité de la manne des casinos dont ont bénéficié d’autres tribus.
Nous savons que les Indiens d’Amérique ou les Amérindiens sont les peuples aborigènes ou les Américains d’origine de ces terres. Ils y sont installés depuis des milliers, voire, semble-t-il, des dizaines de milliers d’années selon des découvertes archéologiques récentes. Donc personne ne peut nier que les terres d’Amérique dont les terres des Etats-Unis étaient leurs terres.
En revanche, les Etats-Unis n’existent en tant que république que depuis un peu plus de deux siècles, et les « nouveaux » Américains qui l’ont créée, ils sont en majorité les descendants des migrants européens qui commencèrent à arriver sur ces terres il y a un peu plus de cinq siècles. Tout cela est connu !
Imaginons maintenant que ces Amérindiens se présentent devant l’assemblée générale des Nations Unis, avec le soutien d’un grand pays démocratique comme la France, défenseur des droits de l’Homme et partisan de l’ingérence humanitaire, pour réclamer le partage des terres des Etats-Unis, les terres de leurs ancêtres, en deux moitiés, et la création de leur état sur la moitié qui leur sera attribuée. Les « nouveaux » Américains qui se trouveront sur les terres des Amérindiens seront invités à ne plus y remettre les pieds, de gré ou de force !
Est-ce que ce projet a une chance de réussir ? Et pourquoi pas ? Après tout, il y a un précédent qui a réussi avec bien moins d’argument historiques et de preuves archéologiques.
Les sionistes prétendent que les Juifs du monde sont les descendants de quelques tribus qui étaient passés sur les terres de la Palestine il y a plus de deux milles ans. Ces tribus avaient occupé une partie de ces terres et elles y avaient fondé un état. Or cet épisode historique n’avait duré que quelques centaines d’années et c’était fini.
C’était un passage limité dans le temps et dans l’espace, un passage noyé parmi tant d’autres tribus et peuples qui sont passés et repassés sur les terres de la Palestine, qui y ont créé des états et des royaumes et qui se sont brassés culturellement et ethniquement depuis des milliers d’années, bien avant, en même temps et bien après. Et ce sont les descendants de ces peuples qui forment le peuple de la Palestine et qui labourent les terres de la Palestine. Il n’y a aucun doute que ces terres leur appartiennent.
Cependant, les sionistes soutenus par les grandes démocraties de ce monde, ont réussi à faire valoir leurs arguments et à faire voter le plan de partage (ou d’usurpation, devrais-je dire) de la Palestine. Alors pourquoi les Amérindiens, qui, eux, ont toute la vérité historique pour eux, ne réussiraient pas leur projet de partage ?
Et puisque nous sommes à réclamer des droits historiques. Pourquoi les Musulmans arabes et berbères ne demanderaient-ils pas le partage de la Péninsule Ibérique ? Après tout, leurs valeureux ancêtres y ont régné, sur des grandes parties, pendant plus de sept siècles et y ont créé une civilisation des lumières dans l’Europe des ténèbres de cette époque.
Commentaire par Iyad — 7 janvier 2008 @ 14:27