De la part des enfants réfugiés à Ain el-Héloué
Écrit par Raida Hatoum, travailleuse à l’organisme Najdeh et amie de Tadamon!
Hier, Israël a bombardé deux maisons et une école à l’intérieur du camp de réfugié-e-s palestinien-ne-s d’Ain el-Héloué, où vivent plus de 45 000 réfugié-e-s palestinien-ne-s et où demeurent actuellement des centaines de personnes qui ont fui la région de Tyr. Le camp d’Ain el-Héloué se trouve dans la ville de Sidon, où les bombardements ont fait deux morts et des dizaines de blessé-e-s, des enfants pour la plupart. Israël affirme avoir attaqué la résidence d’un combattant du Hezbollah.
Un des hommes qui a été tué se nomme Anwar et était originaire de Tyr. Il avait fui sa maison et avait, comme plusieurs autres dans sa situation, trouvé refuge dans cette école gérée par l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
Avant, c’était une école.
Aujourd’hui, des centaines de Libanais-e-s et de Palestinien-ne-s ont fui le camp d’Ein El-Helweh (Ain el-Héloué). L’organisme Najdeh, une ONG travaille dans les camps de réfugié-e-s, a été contrainte de fermer un de ses centres, qui accueillait 80 enfants pour des activités de loisir.
Dans une des écoles gérées par l’UNRWA dans le camp d’Ain el-Héloué à Sidon, le personnel et les bénévoles qui travaillent pour l’Association Najdeh organisent présentement des activités avec les enfants réfugiés, dans le cadre d’un programme d’urgence mis en place en collaboration avec d’autres ONG dans le but de porter assistance à la population réfugiée. Ces enfants palestinien-ne-s et libanais-e-s ont été forcés de fuir les bombardements israéliens dans la région de Tyr et se sont ensuite rendus à Sidon. Ils ont pris refuge à Ain el-Héloué, un camp de réfugié-e-s palestinien-ne-s qui est la demeure « temporaire » de plus de 45 000 Palestinien-ne-s depuis maintenant 58 ans, quand l’État israélien les a forcé à quitter les maisons et les villages dans le nord de la Palestine (maintenant Israël) en 1948.
Une des activités consiste simplement à distribuer du papier et des crayons aux enfants pour qu’ils puissent dessiner tout ce qui leur passe par la tête et ensuite discuter sur ce qu’ils ont dessiné.
Des gens fuient le camp d’Ain el-Héloué
Malak, une fille de 11 ans: Je me suis enfuie de ma maison à Tyr. J’ai dessiné un soleil parce que maintenant le monde est triste et obscur. Je me souviens de ma grand-mère qui nous disait (aux petits-enfants) que quand elle était jeune, les Israéliens l’ont obligée à quitter son village dans le nord de la Palestine avec sa famille. J’ai pensé à elle parce que maintenant les Israéliens me forcent aussi avec ma famille à fuir notre maison.
Hawra’a, une fille de 9 ans: Je veux ma maison, j’ai besoin de ma maison, mais les Israéliens l’ont bombardée. Nous nous sommes enfuis avec beaucoup d’autres personnes. C’est pour ça que je dessine ma maison qui penche, parce qu’elle a été bombardée.
Isra’a, une fille de 9 ans: J’ai dessiné une maison et un pont détruits parce que les Israéliens les ont bombardés. Et j’ai dessiné ma famille et moi sur la route parce que maintenant nous n’avons plus de maison et nulle part où rester.
Ahmed, un garçon de 9 and: J’ai dessiné une maison qui brûle et l’avion de guerre qui l’a bombardée. J’ai dessiné aussi des citronniers en feu près de notre maison, après le bombardement. Et j’ai dessiné un oeil parce que j’ai vu un homme qui avait perdu un oeil.
Khalid, un garçon de 11 ans: J’ai dessiné des enfants qui s’enfuient et j’ai dessiné Sharon parce qu’avant il tuait aussi des enfants et il a montré à Olmert comment faire la guerre.
Ismael, un garçon de 11 ans: J’ai dessiné un avion de guerre israélien, qui lance des tracts. Je me suis dessiné entrain d’écraser les tracts, parce qu’ils nous disent d’évacuer nos maisons sinon on va nous tuer.
Dina, une fille de 9 ans: J’ai dessiné un enfant qui ne veut pas la guerre, parce que je veux la paix et je veux retourner chez moi.
Sara, une fille de 11 ans: J’ai dessiné une station d’essence qui brûle, parce que les Israéliens ont bombardé une station d’essence près de chez nous. J’ai dessiné mon frère parce qu’il s’est cassé la jambe en déboulant les escaliers pendant que la station d’essence brûlait. Tout le feu s’est répandu et notre maison a été grandement endommagée. J’ai dessiné mon père, qui est encore dans notre village. J’ai dessiné ma mère, mon oncle, moi-même et des cousins dans la voiture, quand nous essayions de fuir en accrochant un drap blanc dans la fenêtre de l’auto, pour que les Israéliens ne nous bombardent pas comme ils l’ont fait avec d’autres personnes. Je pense que les Israéliens nous détestent. J’espère que cette guerre va arrêter et qu’on va pouvoir vivre dans une meilleure situation, pas comme dans cette guerre.
Hanady, une fille de 11 ans: Je nous ai dessiné morts, mes frères, mes soeurs et moi. C’est comme ça que j’ai vu les enfants de Cana qui sont morts. J’ai l’impression de connaître tous ces enfants que j’ai vus à la télévision. Je n’aime pas ça quand des gens meurent et que je vis. Ou nous mourrons tous ou nous vivons tous.