Lettre ouverte à Margaret Atwood pour soutenir la libération de la Palestine
Mai 2010. Lettre ouverte à Margaret Atwood de la part du collectif Tadamon! et Art Threat
- Chère Madame Margaret Atwood,
Aujourd’hui, alors que les droits humains des palestiniens sont violés systématiquement et continuellement par le gouvernement israélien, nous vous lançons un appel au nom du collectif montréalais Tadamon! et Art Threat concernant votre visite prévue à Tel-Aviv.
Nous avons appris que le Prix Dan David vous a été offert par l’Université de Tel-Aviv pour votre travail littéraire exceptionnel. Tout d’abord, nous voulons reconnaître ouvertement votre travail exemplaire, non seulement pour l’excellence littéraire, mais aussi pour le message humaniste qu’il dépeint. Au-delà de la littérature, votre plaidoyer sincère pour la justice sociale, allant de la lutte pour la libération des femmes à la protection de l’environnement, a fait de vous un modèle international respecté et admiré de tous et toutes.
Cela est particulièrement vrai au Canada, où vous tenez une place spéciale dans le cœur des Canadiens. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous vous demandons de reconsidérer l’acceptation de ce prix.
Il est bien connu que le gouvernement israélien abuse systématiquement des droits des citoyens palestiniens vivant en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. Une documentation concernant les violations des droits humains des Palestiniens se trouve dans le rapport Goldstone de l’ONU. Ce dernier conclu que “la conduite des forces armées israéliennes constitue de graves violations de la quatrième Convention de Genève, et cela, en tuant délibérément et en infligeant intentionnellement de grandes souffrances aux personnes protégées et qui, en soi, donne lieu à des responsabilités pénales individuelles”.
Il n’est pas rare que les personnalités internationales qui s’expriment souvent pour les droits humains, comme vous, soient invitées à visiter Israël et à accepter des prix décernés par les institutions israéliennes. Cependant, aujourd’hui, une coopération ouverte entre les défenseurs des droits de la personne et les institutions israéliennes donne de la crédibilité à Israël et, indirectement, approuve les actions du gouvernement israélien. En fait, votre présence à l’Université de Tel-Aviv en particulier légitimera la politique coloniale israélienne en raison de l’appui actif de l’Université pour les politiques qui ont été décrites dans une autre lettre adressée à vous de la part de la campagne palestinienne pour le boycottage académique et culturel contre Israël (PACBI).
L’invitation à accepter un tel prix en Israël est une excellente occasion pour sensibiliser et renforcer la conscience internationale sur la réalité de l’apartheid que connaît actuellement le peuple palestinien. Prêter votre voix à la campagne internationale de solidarité avec les Palestiniens serait une étape positive dans le rôle croissant des artistes du Canada qui se joignent au mouvement international de solidarité envers la Palestine, comme les 500 artistes de Montréal qui ont lancé une lettre collective l’hiver dernier.
Aujourd’hui, nous aimerions vous encourager à joindre les autres artistes de renom comme Arundhati Roy, Ahdaf Soueif, John Berger, Rawi Hage et Eduardo Galeano, dans la dénonciation des politiques de l’apartheid israélien en rejoignant la campagne artistique internationale croissante pour soutenir le mouvement de boycottage, désinvestissement et de sanctions contre Israël.
Cette initiative mondiale est inspirée par le succès du boycottage académique et culturel sud-africain et est également destinée à encourager les artistes israéliens à dénoncer la politique d’apartheid d’Israël. Enuga S. Reddy, directeur du Centre des Nations Unies contre l’apartheid, a écrit en 1984 sur les artistes sud-africains: “ils ont besoin d’être convaincu d’arrêter de divertir l’apartheid, d’arrêter de profiter de l’argent de l’apartheid et d’arrêter de servir les fins de propagande du régime d’apartheid”.
Vous avez gagné une importance et un respect international pour votre franc-parler concernant l’avancement de la justice sociale et des droits humains. Nous espérons donc que vous saisirez cette occasion pour démontrer votre engagement envers les idéaux que vous exprimez dans votre écriture.
Comme vous l’avez si fortement écrit: “Une voix est un don, elle devrait être célébrée et utilisée pour pousser la parole humaine le plus loin possible. L’impuissance et le silence vont de pair.” Donc, aujourd’hui, nous lançons un appel pour que vous utilisiez votre voix pour soutenir le peuple palestinien, qui eux sont souvent sans voix.
Dans le respect et la solidarité,
Collectif Tadamon! et ArtThreat
Canada, mai 2010