Deuxième déclaration suite aux événements à Nahr al Bared
écrit par As’as Abu Khalil et Samah Idriss (voir première déclaration)

Les Palestinien-ne-s fuyant le Nakba, 1948

Note: Voir ci dessous pour savoir comment vous pouvez endosser cette déclaration.

Nous, signataires de ce document,

Accusons la plupart de nos dirigeants d’utiliser le peuple palestinien et sa résistance, pour servir leurs objectifs confessionnels et mesquins à l’image de leur souveraineté. Nous les accusons de couvrir l’agression d’un camp palestino-libanais surpeuplé usant du slogan de « souveraineté » pour s’attaquer principalement aux plus faibles et aux plus démunis ainsi qu’il en va habituellement au Liban. Nous les accusons d’adopter une idéologie fasciste telle que celle qui a accompagné et justifié le siège des deux camps, de « Tall el Zaatar » et de « Dbayeh» vers le milieu des années 70, et d’emprunter à Bush son discours sur le terrorisme, comme si tout le peuple palestinien devait subir les méfaits d’un gang, reconnu par l’appareil même de l’Etat, être à l’écart de la population du camp. Nous les accusons de couvrir l’édification d’un organisme de sécurité parallèle non soumis à la surveillance du peuple et de ses représentants, tout comme ces nouveaux prétendants à la souveraineté, l’avaient combiné lors de la domination syrienne sur le Liban.

Nous accusons plus précisément le groupement « 14 mars » de dynamiser le processus qui vise le désarmement de la résistance, libanaise et palestinienne, mais qui paradoxalement, s’attelle à armer des bandes confessionnelles, qui creusent le fossé et raniment le conflit inter libanais pour faciliter le projet impérial qui s’étend du Maroc jusqu’en Afghanistan.

Nous accusons une partie de l’opposition de s’abstenir de protester contre le plan de la dynastie gouvernante, uniquement parce que ce plan vise une « communauté » non protégée au Liban : le peuple palestinien. Nous accusons aussi certains parmi eux d’utiliser un discours hostile aux palestiniens.

Nous accusons de nombreux libanais d’interdire l’accès de leurs abris et de leurs écoles aux réfugiés palestiniens ayant fui le camp de Nahr el Bared, alors que les camps palestiniens avaient ouvert les leurs devant les réfugiés libanais durant la dernière guerre d’Israel contre le Liban en 2006.

Nous accusons nos intellectuels libéraux de colporter les thèses de la souveraineté, de la force et de la vengeance au lieu diffuser celui de la fraternité, de la citoyenneté et de l’humanisme réel. Nous les accusons d’hypocrisie flagrante lorsqu’ils dénoncent les attentats contre les civils israéliens mais s’abstiennent de condamner le bombardement du camp surpeuplé. D’ailleurs, ont-ils jamais défendu les droits de l’homme dans un seul pays arabe ?

Nous accusons le « nationalisme » libanais, qui cherche à bâtir une patrie sur les lambeaux des victimes du bombardement aveugle du camp de Nahr el Bared, de racisme détestable.

Nous accusons certains leaders palestiniens de complicité et de couverture de cette guerre pour des motifs sectaires ou pécuniaires honteux.

Nous accusons les « salafistes » fanatiques ( soutenus et financés d’ailleurs, par les mêmes clans qui soutiennent et financent la clique libanaise au pouvoir) de propager la haine, le confessionnalisme et la « culture » de l’hérésie (Takfir), de l’élimination et de l’homogénéité

Nous accusons les libanais qui prétendent que le pont d’aide américain est un acte innocent ou humain, d’ignorance politique dans le meilleur des cas, et de complicité au pire.

Compte tenu de ce qui précède nous vous invitons à:

• Exiger la cessation de tout acte guerrier contre le camp de Nahr el Bared et de vous opposer à l’invasion du camp surpeuplé de civils.
• Insister sur le dogme de l’armée libanaise : c’est l’israélien qui est l’ennemi et non le peuple palestinien. L’israélien n’est pas non plus « le voisin ». 
• Condamner le discours confessionnel adopté de manière insolente par la dynastie gouvernante, en particulier depuis les élections du Nord en 2005.
• Œuvrer pour améliorer l’état inhumain des camps palestiniens au Liban et donner à ce peuple tous ses droits civiques jusqu’au jour de son retour en Palestine, sa patrie.
• Abandonner la rhétorique qui propage l’idée de « services libanais » rendus à la cause palestinienne, sachant bien que des fractions politiques fondamentales au Liban ont transformé ce pays en un lieu de conspiration et de complots contre la cause palestinienne.
• Implorer les forces patriotiques et démocratiques d’être fidèles à l’histoire du militantisme libano-palestinien commun et de prendre l’initiative de sauver le camp et ses habitants.

Pour endosser : envoyer un courriel à Samah Idriss au kidriss(at)cyberia(dot)net(dot)lb.