Déclaration de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens
En mai 2017, après 100 ans de colonisation, 70 ans de Nakba, et 50 ans d’occupation intensifiée, nous saluons la victoire des prisonniers palestiniens, suite à leur grève de la faim de 40 jours (#DignityStrike), rappelons ici que leur lutte accompagne celle de l’ensemble que la population palestinienne pour la liberté, la justice et la dignité.
Rappelons que ce sont 1500 prisonniers palestiniens, sur près de 6500 prisonniers politiques dans les prisons de l’apartheid israélien, qui demandaient la remise en place des visites familiales, le droit à l’éducation, l’accès aux médias et aux soins médicaux, l’installation de téléphones publics et, plus généralement, l’amélioration des conditions de détention pour atteindre des standards acceptables en regard du droit international. En 40 jours, les prisonniers ont mis leur vie en danger, mais la plupart de ces revendications ont été atteintes, et on peut se réjouir de n’avoir eu à déplorer aucun mort.
Rappelons aussi que c’est une résistance palestinienne déterminée, organisée, coordonnée et unie qui a mené cette grève à travers toutes les prisons du pays, comprenant des membres du Fatah, du FPLP, du FDLP, du Hamas, du Jihad Islamique et du Parti Communiste Palestinien, et qu’elle a été sévèrement réprimée par les autorités pénitentiaires israéliennes, les grévistes privés de visites, transférés en cellules d’isolement, leurs biens confisqués, etc. Après avoir refusé catégoriquement de le faire, il a bien fallu que les autorités israéliennes finissent par négocier, avec les dirigeants choisis par les prisonniers palestiniens eux-mêmes, et non avec des représentants de régimes arabes réactionnaires ou même de l’Autorité Palestinienne. Cette grève a donc permis d’unir les Palestiniens contre l’occupation israélienne, mais aussi contre le factionnalisme.
Rappelons enfin que les familles des prisonniers ont accompagné ces grèves, de même que de nombreux soutiens dans le monde entier, des partis politiques, des syndicats, des organisations de femmes, des mouvements de solidarité, de Norvège au Brésil, en passant par le Canada, les Etats-Unis, l’Uruguay, l’Argentine, le Chili, la France, le Portugal ou l’Espagne, mais aussi d’autres prisonniers politiques en Irlande, aux Philippines, en Turquie, au Pays Basque ou en France, dont le célèbre combattant Georges Ibrahim Abdallah.
Dans un contexte où les forces réactionnaires progressent partout, on peut déplorer un silence médiatique international assourdissant concernant la résistance palestinienne, tant en occident que dans le monde arabe. L’expression de notre solidarité et de notre soutien vise également à briser le mur du silence qui a entouré cette grève politique, et qui entoure plus généralement le destin tragique de la population palestinienne dans son ensemble.
Alors que les prisonniers palestiniens résistaient, le Premier ministre du Québec, Phillippe Couillard, rencontrait le Premier ministre israélien “pour renforcer les liens économiques”. Quelle honte! De plus, le gouvernement libéral canadien continue de fournir un soutien inconditionnel à l’État d’apartheid israélien, et de criminaliser le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) lancé par des organisations palestiniennes pour permettre d’exprimer une solidarité concrète avec la lutte palestinienne.
Comme ils l’ont fait par le passé, les autorités israéliennes sont revenues sur certaines promesses qui avaient été faites, telle que l’autorisation pour les prisonniers de recevoir deux visites par mois au lieu d’une. Plusieurs douzaines de personnes se sont vues interdites d’entrer alors qu’elles tentaient de rendre visite à un membre de leur famille détenu dans une prison israélienne, par mesure de rétorsion contre les prisonniers palestiniens qui ont pris part à la grève de la faim de 40 jours. De plus, certains des anciens grévistes qui sont en mauvaise santé ne reçoivent pas les traitements dont ils ont besoin.
Tadamon! appelle à exprimer une solidarité sans faille avec les prisonniers palestiniens, par tous les moyens possibles, y compris en renforçant la campagne BDS contre l’apartheid israélien. Par exemple en soulignant la complicité de sociétés multinationales comme Hewlett Packard (HP) ou G4S. C’est en effet HP qui entretient les serveurs et autres infrastructures informatiques du service pénitentiaire israélien, et G4S qui en assure la sécurité. Nous demandons à HP et à G4S de mettre fin à leurs contrats avec les autorités israéliennes, dans le cadre d’une campagne internationale contre HP et G4S, à cause de leur soutien à l’apartheid israélien.
Le mouvement des prisonniers palestiniens est au coeur de la résistance du peuple palestinien, pour sa vie, sa dignité, son combat pour la liberté et pour la justice. La lutte sera sans doute encore longue pour vaincre l’occupant et le colonisateur, pour obtenir la libération des prisonniers palestiniens, du peuple palestinien et de toute la terre de Palestine. Mais tant qu’il le faudra, nous serons à leur côté.
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