Des organismes libanais dénoncent la couverture «biaisée» de leur pays
Le Canada invité à la neutralité dans la crise libanaise
La Presse
14 décembre 2006, p. A26
JOONEED KHAN
“Ce qui se passe au Liban est un combat politique interne, que l’opposition
mène par des moyens pacifiques et démocratiques, et le Canada n’a pas à s’en
mêler et encore moins à prendre parti pour un camp contre l’autre.”
C’est en substance l’appel lancé hier par deux représentants de l’opposition
libanaise au Canada, réunis en conférence de presse à Montréal par Tadamon!,
une organisation de solidarité sur le Liban et la Palestine.
“La visite d’appui de Jason Kenney, secrétaire parlementaire du premier ministre Stephen Harper, et du député libéral Irwin Cotler, au premier ministre Fouad Siniora montre que le Canada persiste à prendre parti dans la crise libanaise, après avoir soutenu Israël dans sa dernière guerre contre le Liban”, a déclaré May Haydar, de l’Association Al-Hidaya.
“Nouveau Moyen-Orient”
“La position du Canada va dans le sens du projet de nouveau Moyen-Orient des États-Unis, au mépris de la vie humaine et de la démocratie. Or, les Libanais qui campent dans les rues de Beyrouth depuis 13 jours veulent un pays qui réponde à leurs besoins, pas un pays client des États-Unis. C’est pour cela qu’ils veulent changer de gouvernement”, a affirmé Mary Foster, de Tadamon!.
Mme Foster rentre du Liban, où elle a assisté aux obsèques du ministre
assassiné Pierre Amine Gemayel, et aux manifestations de l’opposition.
“Radio-Canada International a rapporté que deux millions de Libanais
s’entassaient dimanche dans Beyrouth, et sur les routes et les ponts menant à
la capitale, pour exiger un nouveau gouvernement et des législatives
anticipées”, a souligné Ziad Najjar, du Conseil des organisations des Canadiens
libanais (COLCO).
“Cela veut dire que 40 % des Libanais sont venus manifester. Ils représentaient 14 partis religieux et laïques distincts, et des courants de la société civile, dont le Hezbollah n’est qu’une fraction. Le Courant patriotique libre (CPL), le parti laïque de Michel Aoun qui a gagné 75 % du vote chrétien aux dernières élections, en est une force majeure”, a ajouté Najjar, qui s’est dit proche de cette formation.
Que veulent les opposants? “Les médias parlent ici de tentative de putsch. Mais les Libanais exigent le respect de la Constitution léguée par l’accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre en 1990. Ils ne veulent même pas réduire les 50 % des sièges de députés que Taëf a accordés aux chrétiens alors qu’ils sont un tiers de la population”, a dit Mme Haydar.
“Taëf a prévu pour l’opposition un tiers des ministères, afin qu’elle puisse
bloquer des décisions affectant ses intérêts. Mais le gouvernement Siniora a
violé ce principe. Voilà pourquoi les ministres du Hezbollah, du Amal et
proches du CPL ont démissionné. Voilà pourquoi ils réclament un nouveau
gouvernement”, a expliqué Najjar.
“Les opposants ne sont pas contre l’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Rafic
Hariri. Bien au contraire. Un sondage publié hier dans le journal Al Akhbar
montre que 89 % des Libanais sont pour l’enquête, dont 95 % des sunnites, 76 % des chiites, 93 % des chrétiens et 98 % des druzes. Ça montre que les artisans du Hezbollah et d’Aoun soutiennent l’enquête de l’ONU”, a-t-il dit.
“Le même sondage montre que 50 % des Libanais jugent que le gouvernement
Siniora est inconstitutionnel et 73 % veulent un gouvernement d’union. Celui-ci devra élaborer une nouvelle loi électorale et organiser des législatives selon
un découpage des comtés et des critères qui soient plus représentatifs de la
volonté des électeurs”, a-t-il ajouté.
“La contestation peut durer des mois, car les exigences de démocratie des
Libanais sont encore plus fortes que ce qu’on a vu en Géorgie avec la
Révolution de la rose ou en Ukraine avec la Révolution orange”, a conclu Mme
Haydar.
Des organismes libanais dénoncent la couverture «biaisée» de leur pays
Presse Canadienne Montréal
13 décembre 2006
Des organisations communautaires libanaises et de solidarité avec le Liban basées à Montréal ont dénoncé, mercredi, la manière dont les médias d’ici rapportent les événements qui secouent leur pays.
Des centaines de milliers de Libanais manifestent depuis quelques jours à Beyrouth pour réclamer la création d’un gouvernement d’unité nationale et la tenue d’élections anticipées.
Des représentants de COLCO (Council of Lebanese Canadian Organizations), de l’Association Al-Hidaya (un organisme communautaire libanais musulman) et de Tadamon (un groupe de solidarité canado-libanaise pour la justice sociale) rencontraient les médias, mercredi, à l’Institut Simone-de-Beauvoir de l’Université Concordia pour discuter de cette situation.
Les organismes libanais se disent étonnés et déçus de constater que des médias canadiens et québécois parlent de manifestations organisées par le Hezbollah et des éléments pro-syriens ou pro-iraniens. Ils reprochent à certains médias d’être allés jusqu’à parler de tentative de coup d’État.
Leurs porte-parole font valoir, d’une part, que la demande d’élections anticipées est l’antithèse du coup d’État. D’autre part, ils soulignent que le Hezbollah n’est qu’un acteur minoritaire au sein des manifestations auxquelles participent également des formations politiques laïques, des partis de gauche, des sunnites, des chiites, des druzes et autres coalitions politiques, incluant des députés élus au sein de la présente assemblée législative.
Quant à l’implication de la Syrie et de l’Iran, ces représentants disent trouver insultant de qualifier des centaines de milliers de Libanais d’agents étrangers, alors qu’il n’en est rien.
Montréal: Des Libanais dénoncent la couverture «biaisée» de leur pays
Commentaire par Stefan — 21 décembre 2006 @ 18:51http://www2.canoe.com/infos/international/archives/2006/12/20061213-171756.html