Pendant quatre jours continus, depuis mercredi le 12 juillet vers midi, Israël bombarde Beyrouth, le sud du Liban, certaines parties de Bekaa et d’autres endroits au Liban sans arrêt. Il est 12h49 dimanche matin en ce moment. À Beyrouth, les avions de guerre israéliens lancent des bombes une après l’autre sur un secteur appellé Haret Hreik dans les quartiers du sud de Beyrouth, et on vient d’annoncer qu’un gros feu est en train d’engouffrer tout le secteur.

Deux choses sont certaines : premièrement, Israël semble déterminé à continuer sont offensive terrorisante, brutale et inhumaine contre le Liban et deuxièmement, d’autres civils vont être tués. J’espère que cela va faire changer d’avis ces gens dans le monde qui croient l’armée israélienne lorsqu’elle dit qu’une de ses priorités lors d’offensives (n’importe où, pas seulement au Liban) est de s’assurer de ne pas blesser les civils. Ça on peut le rejeter si on suit les nouvelles du Liban.

Je n’arrive pas à me débarrasser d’une image que j’ai vue à la télé hier quand ils ont montré les soldats israéliens sur un des navires de guerre positionnés à quelques kilomètres de la côte de Beyrouth (pris par une caméra vidéo sur le navire ou un autre à côté de celui-là). Ils ont commencé par montré trois militaires israéliens de dos essayant de viser leur missile sur un endroit au sud de Beyrouth. Après avoir tiré le missile, un d’eux, qui avait à peine 20 ans, s’est tourné et a regardé la caméra, souriant d’un air naïf. Comme s’il souriait fièrement devant sa mère après avoir gagné un niveau dans un certain jeu vidéo, du type produit par des compagnies américaines, où il jouait probablement un soldat assassinant des « terroristes » en Irak.

Jusqu’à maintenant, et depuis l’offensive israélienne contre le Liban, plus de 100 civils ont péri sous les bombes israéliennes, plusieurs d’entre eux étant des enfants, des femme et des personnes âgées.

C’est sans compter les centaines de personnes blessés dormant dans les hôpitaux du sud, qui apparemment commencent à être saturés et auraient déclaré qu’il y aurait une pénurie de médicaments bientôt si la situation ne se calme pas.

C’est sans mentionner les centaines de réfugiés qui ont quitté leur maison dans les quartiers du sud de Beyrouth, ou ceux qui ont réussi à quitter leurs maisons dans le sud. Ils prennent actuellement refugentans plus de 40 écoles de Beyrouth et certains espaces publics dans la ville comme les jardins public, sans toit sur la tête. La majorité des réfugié-e-s sont des femmes qui se sont sauvées avec leurs enfants. Question : ces gens ont laissé leur maison en quelques minutes, probablement en laissant presque tout derrière eux et elles, comment vont-ils et elles survivre dans genre de refuge, sans nourriture, médicaments, couvertures…?

Depuis plusieurs heures désormais, Israël demande au résidents des villages dans le sud du Liban de quitter leur village. Question : où peuvent-ils aller? Ou encore, comment vont-ils quitter alors qu’Israël s’est affairé ces trois derniers jours à détruire les routes principales vers les autres villes??!!

(PVI: Depuis deux heures, des avions de guerre bombardent le secteur de Haret Hreik et viennent juste de tirer trois bombes sur le secteur de Moucharrafiyyeh, aussi dans le sud de Beyrouth.)

Pour les gens à Beyrouth, le jour et la nuit sont insoutenables, c’est difficile de fermer les yeux ou de mettre un morceau de pain dans sa bouche. Mais honnêtement, pour les gens des quartiers du sud de Beyrouth et dans les villages du sud du Liban, maintenant complètement coupé d’entre eux et des grandes villes, la situation est tout simplement un enfer.

Les périodes de calme durant le jour ne sont pas mieux que lorsqu’ils bombardent. Les pères et les mères courent partout dans leur localité pour aller chercher du pain à la boulangerie, ou des batteries dans les petits magasins pour pouvoir écouter la radio, puisqu’il y a peu d’électricité à Beyrouth. Ils et elles courent vite, sachant qu’à tout moment les bombes vont recommencer à tomber et espèrent retourner chez eux à leurs femmes, leurs maris et leurs familles avant que ça n’arrive.

Je vais maintenant énumérer ce que l’armée israélienne a fait dans les dernières 24 heures au Liban. Je crois que c’est important de le faire pour n’importe qui qui peut écrire de Beyrouth, parce qu’en regardant CNN et d’autres médias internationaux, on a envie de s’arracher les cheveux. Aucun détail n’est rapporté. Je vais écrire basé sur ce dont je me souvient d’aujourd’hui, pour pouvoir envoyer cette lettre avant que l’électricité ne soit coupée.

• Dans la matinée : des avions de guerre israéliens ont bombardé à plusieurs reprises les routes principales qui mènent à la Syrie. L’aéroport demeure fermé; il y a des navires de guerre dans l’océan; et maintenant ils essaient de couper toute possibilité de quitter le pays par les routes. Ils ont bombardé une des routes qui relie Beyrouth à Damas plusieurs fois. Et une autre qui permettent aux gens d’aller de Tripoli à Homs en Syrie, à plusieurs reprises.

• Aujourd’hui ils ont bombardé le sud du Liban sans arrêt. Le décompte de morts civiles, qui est allé d’environ 60 hier à environ 100 aujourd’hui, est principalement le résultat de morts dans le sud. Vingt-cinq maisons ont été démolies dans deux villages adjacents et plusieurs autres maisons de civiles dans certaines zones du sud.

• Cet après-midi, vingt-et-un civils ont été tués en une minute dans un massacre qui a eu lieu dans le sud. Un avion de guerre israélien a bombardé un autobus qui allait d’un village dans le sud vers la ville de Sour (Tyr) (aussi dans le sud), qui transportait 21 civils, en majorité des femmes et des enfants, se sauvant de leur village.

• Soit des avions ou des navires de guerre ont bombardé le port de Beyrouth, le port de Jounieh (nord), le port d’Amshit (nord), et le port de Tripoli (nord), ce qui résulte en un blocus maritime encore plus brutal.

• Encore et encore, bombardant des villages dans le sud et dans la région de Bekaa (et spécifiquement la ville de Baalback) et, depuis l’après-midi, un bombardement continuel des quartiers du sud de Beyrouth.

J’espère écrire plus bientôt.

Sawsan.

Note : Pour les personnes à Montréal, Canada, ou près de Montréal, s’il-vous-plaît assistez à la marche qui aura lieu demain, dimanche, rassemblement à 11 heures au coin de René-Lévesque et Peel, pour protester contre l’assaut israélien…