Sabra / Shatila: Quelqu’un s’en souvient-il?
- Franklin Lamb. Dimanche 16 Septembre, 2007
- Photo: Shaima. Travail artistique du camp de réfugiés de Sabra
Ma très chère Janet: Aujourd’hui est un très beau jour d’automne, ici, à Beyrouth. Il y a 25 ans cette semaine, avait lieu, du 15 au 18 septembre, le massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Shatila. Un ciel d’un bleu lumineux et une brise d’automne. En fait, il a plu la nuit dernière.
Assez pour nous débarrasser d’une partie de l’humidité et de la poussière. Heureusement, pas assez pour être de ces pluies habituelles qui forment les marécages d’eaux usées et d’immondices dans la rue Sabra ou inondent le cimetière, sans plus guère de pelouse, de la fosse commune, (les habitants du camp l’appellent le carré des Martyrs, il est l’un des mémoriaux qu’on appelle ainsi maintenant au Liban) ; c’est là que tu m’as dit autrefois que le dimanche 19 septembre 1982, tu avais regardé, écoeurée, les victimes massacrées et criblées de balles de ces 48 heures de tueries, entassées par les familles et les secouristes du Croissant Rouge, formant une montagne dans la fosse. Certains de ces corps avaient des membres ou la tête tranchés, des garçons avaient été castrés, des corps portaient des lacérations en forme de croix.
Comme tu me l’as écrit plus tard de ta belle écriture cursive : « J’ai vu des femmes mortes, dans leur maison, la jupe remontée à la taille et les jambes toutes écartées ; des dizaines de jeunes hommes avaient été abattus après avoir été alignés contre un mur ; des enfants égorgés ; une femme enceinte, éventrée au couteau, les yeux grands ouverts, le visage noirci figé dans un hurlement d’horreur silencieux ; des bébés et de tout petits enfants, poignardés ou déchiquetés, jetés sur des tas d’ordures ».
Aujourd’hui, le carré des Martyrs n’a plus guère à voir avec un mémorial pour ces 1 700 personnes et plus, principalement des femmes et des enfants, massacrées entre le 15 et le 18 septembre. Cela ne te plairait pas de voir cela. Deux ou trois affiches décolorées et une banderole avec ces mots mal orthographiés « 1982 : massacre de Saba » toujours accrochée à peu près au milieu d’un terrain de 20 m sur 40, espace qui a servi pendant les années qui ont suivi l’ensevelissement de tous ces gens de dépôt d’ordures. Aujourd’hui, sur un espace de terre sans herbe, erre un vieux chien au poil jaune, de bonne taille, qui ignore deux ou trois poules et une demi-douzaine de poussins qui grattent et picorent autour de lui.
Depuis que tu es partie, les principaux évènements concernant le massacre restent tels que tu les as découverts dans tes recherches durant les mois qui ont suivi. A ce moment-là, tes conclusions étaient les plus précises et les plus justes sur ce qui s’était passé et sur les responsables.
La vieille ambassade de 7 étages du Koweit, d’où Sharon, Eytan, Yaron, Elie Hobeika, Fradi Frem et d’autres avaient gardé le contact radio et suivi les 48 heures de carnage, d’où ils avaient une vue nette sur les camps, a été démolie il y a des années. Une nouvelle l’a remplacée et on construit aussi une mosquée à son emplacement.
Je suis désolé, mais je dois te dire qu’aujourd’hui, au Liban, les familles des victimes du massacre s’enfoncent jour après jour dans l’abîme. Nulle part ailleurs sur terre la vie des Palestinien est aussi épouvantable et misérable. « Pire qu’à Gaza ! » s’est exclamé récemment un journaliste en Palestine.
Une loi libanaise de 2005 qui ouvrait aux Palestiniens du Liban l’accès à certaines des 77 professions qui leur sont interdites n’a eu aucun effet. Leur statut social, économique, politique et juridique a continué d’empirer.
« Ici, la situation est désespérée aujourd’hui », nous dit Jamile Ibrahim Shehade, directeur de l’un des 12 centres sociaux du camp. « Il y a 15 000 personnes qui vivent sur un km carré ». Jamile dirige un centre qui fournit des infrastructures de base telles que des centres médicaux et des crèches. Il reçoit une assistance de l’association Norwegian People’s Aid et d’une ONG libanaise, la PARD [Popular Aid for Relief & Development, une ONG de Sidon]. « Il n’y avait rien sur tout ce secteur avant les camps et très peu a été fait en termes de construction d’infrastructures » explique Shehade.
La misère constante dans les camps a fait beaucoup de dégâts psychologiques chez les habitants de Sabra et de Shatila, d’après les travailleurs sociaux d’ici. La colère gronde, due à la frustration ressentie de vivre quotidiennement dans des logements délabrés. Dans tous les 12 camps palestiniens du Liban, la tension et la mauvaise humeur augmentent avec des familles qui s’agrandissent, des quartiers surpeuplés, des conflits de sectes. Des groupes de salafistes et d’autres militants se forment à l’intérieur et autour des camps palestiniens du Liban, quoique pas tellement ici dans les secteurs contrôlés par le Hezbollah où la sécurité est plus grande.
A Sabra et Shatila, les écoles auront à gérer deux ou trois changements à la rentrée à la fin du mois et l’électricité et l’eau sont toujours un sérieux problème.
Selon une enquête de 1999 de l’ONG locale, Najdeh (Aide), 29 % des 550 femmes interrogées, dans 7 des 12 camps de réfugiés officiels dispersés dans tout le Liban, ont reconnu avoir été victimes de violences physiques. L’usage de la cocaïne et du hachisch est devenu un souci de la communauté.
Certaines informations nouvelles sur le massacre de Sabra et Shatila ont été découvertes au fil des années. Peu d’Israéliens, mais beaucoup parmi les forces chrétiennes libanaises, d’après Amnesty International, ont voulu apaiser leur conscience et avouer quel avait été leur rôle. J’ai parlé avec quelques-uns d’entre eux.
Te rappelles-tu de cet homme à qui tu avais crié qu’il n’était qu’un boucher, devant le quartier général de la Phalange à Beyrouth-Est, ce Joseph Haddad ? A l’époque, il avait tout nié en te regardant droit dans les yeux et en faisant le signe de croix. Bon, finalement, il a avoué 22 ans plus tard, à peu près quand la plus jeune de ses filles a reçu sa confirmation dans sa paroisse. Ta méfiance était efffectivement justifiée. Son unité, la seconde à avoir pénétré dans le camp, avait été approvisionnée en cocaïne, hachisch et en alcool pour lui donner plus de courage. Lui et les autres ont raconté leur histoire au Der Spiegel et à différents cinéastes documentaristes.
Beaucoup des tueurs admettent librement maintenant avoir fait une orgie de viols et de meurtres pendant trois jours, orgie qui a fait 3 500 victimes selon eux, peut-être plus, des civils innocents tués dans ce qui est considéré comme l’évènement le plus sanglant du conflit arabo-israélien et comme un crime pour lequel Israël est condamné pour l’éternité.
Ton amie, Um Ahmad, vit toujours dans la même maison où elle a perdu son époux, ses 4 fils et sa fille quand Joseph, un milicien trapu armé d’un fusil d’assaut, a entassé tout le monde dans une pièce de leur taudis et a ouvert le feu. Elle en parle toujours comme si cela s’était passé hier, de la façon dont le massacre qu’on a laissé faire s’est déroulé, citant chacun de ses 4 fils par son nom, Nizar, Shadi, Frid et Nidal. J’ai demandé à Joseph s’il voulait rencontrer Um Ahmad, rechercher son pardon et peut-être la rédemption étant donné qu’il est devenu un religieux non prêtre dans sa paroisse. Il a refusé mais il a envoyé ses condoléances avec des fleurs.
Te rappelles-tu, Janet, comment nous avions l’habitude de descendre à pied la rue Sabra, de l’hôpital de Gaza jusqu’à l’hôpital d’Akka pendant les 75 jours de siège israélien en 1982, comment tu disais toujours « pour voir mon peuple » ? L’hôpital de Gaza n’existe plus maintenant. Occupé et vidé par la milice Amal soutenue par les Syriens durant la guerre des camps de 85-87. Les salles qui restent sont maintenant pleines de réfugiés. Une vieille dame qui a fini par se retrouver ici a raconté que c’était sa quatrième habitation depuis qu’elle a été obligée de quitter la Palestine en 1948. Elle a survécu aux attaques des phalangistes et à la destruction du camp de Tel a Zaatar en 1976, elle a fui les salafistes du Fatah al Islam dans le camp de Nahr al-Bared en mai de cette année et a usé l’amabilité de ses hôtes dans le camp pullulant et surpeuplé de Bedawi, près de Tripoli, le mois dernier.
La plupart de tes amis qui travaillaient dans la société du Croissant Rouge de Palestine (PRCS) ont quitté le Liban. Notre amie affectionnée, Hadla Ayubi, est en mi-retraite à Amman ; Um Walid, directrice de l’hôpital Akkar est retournée finalement en Palestine après Oslo, toujours avec le PRCS. Son président, le Dr Fathi Arafat, ton grand ami, est décédé en décembre 2004 au Caire, moins d’un mois après la mort de son frère, Abu Ammar [Yasser Arafat], à Paris. Tous les deux t’aimaient pour tout ce que tu faisais pour leur peuple.
Le tas d’ordures près de la mosquée Sabra est maintenant une montagne. Hier, j’ai fait deux ou trois photos en passant quand j’ai vu trois fillettes – les plus douces et les plus jolies que j’ai jamais vues -, 7 à 9 ans peut-être, en haillons, fouillant au milieu d’ordures dégoûtantes. Leurs bras étaient recouverts d’une crême chimique blanche. Apparemment, ceux qui les avaient envoyées faire les poubelles avaient voulu les protéger de la maladie. Comme j’escaladais le tas d’ordures pour leur donner mes dernières livres libanaises, 6 000 livres (4 dollars), elles se sont mises à sourire, un petit rire nerveux, au moment où j’ai glissé sur un débris de sac fin en plastique contenant des peaux juteuses de fruits de cactus, et où je me suis ramassé sur les genoux.
Dans certains secteurs des camps, on trouve surtout des Syriens. Ils vendent des produits bon marché, « exempts d’impôts ». Quelques fidèles d’Arafat encore. Principalement dans l’ancienne génération. On voit qu’une tension palpable touche presque tout le monde. Un jeune Palestinien m’a expliqué son souci qu’avec les élections parlementaires prochaines au Liban, pour le choix d’un nouveau président, prévues le 25 septembre, il pourrait y avoir des combats et ses tests d’aptitude scolaire à la 6ème qui ont lieu en octobre risquent d’être annulés, alors il ne pourrait pas continuer ses études.
La dernière fois que nous avons parlé ensemble, toi et moi, Janet, c’était le 16 avril de cette année-là, j’étais en route pour l’aéroport d’Athènes pour prendre le vol de Beyrouth et te retrouver, tu m’as dit que tu travaillais sur les témoignages afin de faire condamner Sharon, et d’autres, pour crimes de guerre.
Vingt ans après les faits, des avocats représentant une vingtaine de victimes et des parents ont essayé de faire juger Ariel Sharon pour ce massacre dans le cadre de la législation belge, laquelle octroie à ses tribunaux une « juridiction universelle » pour les crimes de guerre.
Les Palestiniens et leurs amis attendaient beaucoup de ce dossier car, tu t’en souviens, Sharon avait déjà été reconnu comme portant « une responsabilité personnelle » dans les massacres par une commission d’enquête israélienne, laquelle avait conclu qu’il ne devait plus jamais assumer de fonction publique. Mais leurs espoirs ont été anéantis quand la Cour belge, sous les pressions américaine et israélienne, a jugé le cas irrecevable.
Je regrette de devoir te dire que tous ceux qui ont perpétré le massacre de Sabra et Shatila ont échappé à la justice. Aucun parmi les centaines de miliciens des Phalanges et d’Haddad qui ont commis les meurtres n’a jamais été puni. En réalité, ils ont été amnistiés par le gouvernement libanais.
Quant aux principaux organisateurs et facilitateurs, les crimes de Sabra et Shatila se sont révélés un excellent tremplin pour leur carrière, pour pratiquement chacun d’entre eux.
Ariel Sharon, que la commission d’enquête Kahan avait considéré comme « portant une responsabilité personnelle » pour avoir autorisé le massacre de Sabra et Shatila, a démissionné de son poste de ministre de la Défense mais il a conservé sa fonction dans le cabinet du gouvernement de Begin et, au cours des 16 années qui ont suivi, il a rempli 4 fonctions ministérielles, dont celle de ministre des Affaires étrangères, avant de devenir Premier ministre en février 2001. Après le carnage de Jénine, il fut sacré « homme de paix » par le président Bush.
Rafel Eytan, chef d’état-major israélien, qui a décidé avec Sharon d’envoyer les tueurs de la Phalange et a aidé à la direction de l’opération, a été élu à la Knesset en tant que leader d’un petit parti d’extrême droite, le Tzomet. En 1984, il a été nommé ministre de l’Agriculture et vice-Premier ministre en 1996. Il dirige actuellement le Tzomet et joue des coudes pour avoir une autre fonction dans le cabinet du prochain gouvernement.
Le major général Yehoshua Saguy, chef des services de renseignements de l’armée : convaincu par la commission Kahan d’« omissions extrêmement graves » dans le traitement de l’affaire de Sabra et Shatila, il est devenu par la suite député de droite à la Knesset et il est aujourd’hui maire de la communauté d’extrême droite de Bat-Yam, une petite ville proche de Tel Aviv.
Le major général Amir Drori, commandant en chef pour le nord d’Israël : convaincu de ne pas avoir fait suffisamment pour arrêter le massacre, d’avoir « manqué à son devoir », il vient d’être nommé responsable de la commission israéliennes des Antiquités.
Le brigadier général Amos Yaron, commandant divisionnaire dont la troupe a fermé hermétiquement les camps pour empêcher les victimes de s’en échapper et qui a participé tout au long à la direction de l’opération avec Sharon et Eitan : convaincu d’avoir « manqué à son devoir ». Il a été immédiatement promu au rang de major général et nommé directeur des effectifs de l’armée, il a rempli les fonctions de directeur général au ministère de la Défense israélien et d’attaché militaire à l’ambassade israélienne à Washington. Il travaille actuellement pour différents lobbys israéliens en tant que spécialiste dans la « recherche d’idées » [’tink thanks’].
Elie Hobeika, chef des renseignements des forces libanaises, qui, avec Sharon, a échafaudé le massacre proprement dit : s’est brouillé avec la Phalange dans les années 80, suspecté d’avoir été impliqué dans l’exécution de son dirigeant, Bachir Gemayal. Devenu pro-Syriens, il a occupé trois postes ministériels dans les gouvernements qui ont suivi la guerre civile, notamment ceux de ministre des Déplacés (beaucoup ont pensé qu’il en connaissait beaucoup sur le sujet), de l’Electricité et de l’Eau, et, en 1996, des Affaires sociales.
Le 24 janvier 2002, vingt ans après son implication à Sabra et Shatila, il est tué dans l’explosion de sa voiture à Beyrouth-Est. Deux de ses associés qui, selon la rumeur, projetaient de « dire la vérité » à propos du rôle de Sharon, ont été assassinés dans des incidents séparés.
Quelques jours avant la mort d’Hobeika, celui-ci avait déclaré qu’il pourrait faire des déclarations sur les massacres et leurs responsables et, selon le Daily Star de Beyrouth qui l’avait interviewé, Hebeika leur a dit que ses avocats avaient copie de ses dossiers impliquant Sharon bien au-delà de ce qui était déjà rendu public. Ces dossiers sont maintenant en possession de son fils qui pourrait, après la mort de Sharon, les dévoiler au public.
Dans le camp de Burj al Buragne, ils se souviennent encore de toi. Il y a quelques semaines, un vieil homme m’a dit : « Janet Stevens ? Non, je ne l’ai pas connue. » Il s’est tu puis il a repris : « Oh ! vous voulez dire Miss Janet ! Elle parlait l’arabe… Je crois qu’elle était Américaine. Bien sûr que je me souviens d’elle ! Nous l’appelions la jeune tambour. Elle avait tant d’énergie. Elle se souciait pour les Palestiniens. C’était il y a bien longtemps. Elle a arrêté de venir nous voir. Je ne sais pourquoi. Comment va-t-elle ? »
Tu vois, ma très chère Janet, je t’attendrai à Sabra-Shatila, au carré des Martyrs, samedi, 15 septembre 2007.
Tu me trouveras en train de marmonner et de faire des caresses à ce vieux chien jaune. Lui et moi sommes devenus des amis et nous présenterons nos respects aux morts, je penserai à ces 25 années passées, nous te guetterons et nous t’attendrons. Tu nous trouveras derrière les rosiers dispersés sur ta droite quand tu entres.
Viens nous retrouver, Janet. Nous avons besoin de toi. Les habitants des camps ont besoin de toi, l’une des lumières les plus radieuses, pour ce 25ème anniversaire d’heures parmi les plus sombres qu’ils ont connues. Tu étais leur médiateur et leur avocate… et encore aujourd’hui, tu es leur majorette pour la justice et leur retour en leur Palestine sacrée.
Pour toujours
Franklin
Janet Lee Stevens est née en 1951 et morte le 18 avril 1983, à 32 ans, dans l’explosion qui a détruit l’ambassade américaine de Beyrouth.
Janet était arrivée 20 minutes plus tôt à l’ambassade pour y rencontrer un responsable de l’USAID, Bill McIntyre ; elle voulait demander d’octroyer davantage d’aides aux chiites du Sud Liban et aux Palestiniens des camps de Sabra, Shatila et Burg al Burajne, suite à l’invasion par Israël en 1982 et aux massacres du 15 au 18 septembre. Alors qu’ils discutaient à une table de la cafétéria, qu’elle avait l’intention de demander pourquoi le gouvernement des Etats-Unis n’avait jamais émis de protestation après l’invasion israélienne et le massacre, une fourgonntte volée à l’ambassade en juin précédent est arrivée et s’est garée juste devant l’ambassade. Presque devant la cafétéria. Elle contenait 2 000 livres d’explosifs [900 kg]. L’explosion fut commandée à distance et des tonnes de béton se sont abattues en plein sur Janet et Bill, faisant 63 tués et 120 blessés. Des restes du corps de Janet, encore non identifiés à la morgue dans le sous-sol de l’université-hôpital américain de Beyrouth, ont été reconnus, par moi, deux jours plus tard. Elle était enceinte de notre fils, Clyde Chester Lamb III. S’il avait vécu, il aurait 24 ans. Avec un peu de chance, tenant de sa mère, il serait certainement un jeune prince.
Franklin